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À mesure que les travailleurs libres s'emparent de l'indus-triel, le travail de l'esclave étant moins productif, celui-ci devient une propriété mé-diocre ou inutile, et on a encore grand intérêt à l'exporter au Sud, où la concurrencen'est pas à craindre. L'abolition de l'esclavage ne fait donc pas arriver l'esclave à la liberté; elle le faitseulement changer de maître: du septentrion, il passe au midi. Quant aux Nègres affranchis et à ceux qui naissent après que l'esclavage a étéaboli, ils ne quittent point le Nord pour passer au Sud, mais ils se trouvent vis-à-visdes Européens dans une position analogue à celle des indigènes; ils restent à moitiécivilisés et privés de droits au milieu d'une population qui leur est infiniment supé-rieure en richesses et en lumières; ils sont en butte à la tyrannie des lois 1 et à l'into-lérance des mœurs. Plus malheureux sous un certain rapport que les Indiens, ils ontcontre eux les souvenirs de l'esclavage, et ils ne peuvent réclamer la possession d'unseul endroit du sol; beaucoup succombent à leur misère 2 ; les autres se concentrentdans les villes, où, se chargeant des plus grossiers travaux, ils mènent une existenceprécaire et misérable. Quand, d'ailleurs, le nombre des Nègres continuerait à croître de la même manièrequ'à l'époque où ils ne possédaient pas encore la liberté, le nombre des Blancs aug-mentant avec une double vitesse après l'abolition de l'esclavage, les Noirs seraientbientôt comme engloutis au milieu des flots d'une population étrangère. Un pays cultivé par des esclaves est en général moins peuplé qu'un pays cultivépar des hommes libres; de plus, l'Amérique est une contrée nouvelle; au moment doncoù un État abolit l'esclavage, il n'est encore qu'à moitié plein, À peine la servitude yest-elle détruite, et le besoin des travailleurs libres s'y fait-il sentir, qu'on voit accourirdans son sein, de toutes les parties du pays, une foule de hardis aventuriers; ils vien-nent pour profiter des ressources nouvelles qui vont s'ouvrir à l'industrie. doudoune canada goose homme
Le sol sedivise entre eux; sur chaque portion s'établit une famille de Blancs qui s'en empare.C'est aussi vers les États libres que l'émigration européenne se dirige. Que ferait lepauvre d'Europe qui vient chercher l'aisance et le bonheur dans le Nouveau Monde,s'il allait habiter un pays où le travail est entaché d'ignominie ? Ainsi la population blanche croît par son mouvement naturel et en même tempspar une immense émigration, tandis que la population noire ne reçoit point d'émi-grants et s'affaiblit. Bientôt la proportion qui existait entre les deux races est renver-1 Les États où l'esclavage est aboli s'appliquent ordinairement à rendre fâcheux aux Nègres libres le séjour de leur territoire; et comme il s'établit sur ce point une sorte d'émulation entre les différents États, les malheureux Nègres ne peuvent que choisir entre des maux.2 Il existe une grande différence entre la mortalité des Blancs et celle des Noirs dans les États où l'esclavage est aboli: de 1820 à 1831, il n'est mort à Philadelphie qu'un Blanc sur quarante-deux individus appartenant à la race blanche, tandis qu'il y est mort un Nègre sur vingt et un individus appartenant à la race noire. La mortalité n'est pas si grande à beaucoup près parmi les Nègres esclaves. doudoune canada goose pas cher (Voyez Emerson's medical Statistics, p. 28.)318 Alexis de Tocqueville (1835), De la démocratie en Amérique I (deuxième partie) 169sée. Les Nègres ne forment plus que de malheureux débris, une petite tribu pauvre etnomade, perdue au milieu d'un peuple immense et maître du sol; et l'on ne s'aperçoitplus de leur présence que par les injustices et les rigueurs dont ils sont l'objet. Dans beaucoup d'États de l'Ouest, la race nègre n'a jamais paru; dans tous lesÉtats du Nord elle disparaît. La grande question de l'avenir se resserre donc dans uncercle étroit; elle devient ainsi moins redoutable, mais non plus facile à résoudre. doudounes canada goose
À mesure qu'on descend vers le Midi, il est plus difficile d'abolir utilement l'escla-vage. Ceci résulte de plusieurs causes matérielles qu'il est nécessaire de développer. La première est le climat: il est certain qu'à proportion que les Européens s'appro-chent des tropiques, le travail leur devient plus difficile; beaucoup d'Américainsprétendent même que sous une certaine latitude il finit par leur être mortel, tandis que 1le Nègre s'y soumet sans dangers ; mais je ne pense pas que cette idée, si favorable àla paresse de l'homme du Midi, soit fondée sur l'expérience. Il ne fait pas plus chauddans le sud de l'Union que dans le sud de l'Espagne et de l'Italie 2. Pourquoi l'Euro-péen n'y pourrait-il exécuter les mêmes travaux ? Et si l'esclavage a été aboli en Italieet en Espagne sans que les maîtres périssent, pourquoi n'en arriverait-il pas de mêmedans l'Union ? Je ne crois donc pas que la nature ait interdit, sous peine de mort, auxEuropéens de la Géorgie ou des Florides de tirer eux-mêmes leur subsistance du sol;mais ce travail leur serait assurément plus pénible et moins productif 3 qu'aux habi-tants de la Nouvelle-Angleterre. Le travailleur libre perdant ainsi au Sud une partie desa supériorité sur l'esclave, il est moins utile d'abolir l'esclavage.